samedi 24 mars 2018

LA FORME DE L'EAU - THE SHAPE OF WATER

Sortie le 21 Février 2018 - 2h03

Un film de Guillermo del Toro avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins
Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

La Moyenne des Ours: 3,5/5

L'avis de Pitu: 4/5
"La Forme de l'Eau" est un harmonieux conte de fée dans un monde d'adulte touchant d'importants sujets: Amour, Race, Sexualité, Genre et Amitié.
Le dernier film sorti de l'imaginaire de Guillermo del Toro a le don de nous faire voyager dans un monde fantastique et fantaisiste néanmoins bien ancré dans la réalité par ses préoccupations très actuelles. Nous suivons ce personnage mélancholique de la femme timide et muette (la touchante Sally Hawkins) dans un monde "violent" - l'histoire et la direction artistique nous projettent dans une Amérique en pleine Guerre Froide dans des décors tous droits sortis de Jules Vernes. Les personnages eux aussi incarnent cette période avec force et grâce: tous sentent qu'il y a quelque chose de pourri dans le Royaume d'Amérique mais la plupart continuent de suivre l'état des lieux indiscuté (voir l'excellent Michael Shannon) ou discuté uniquement par les petites voix d'en bas (incarnées par les excellents Richard Jenkins et Octavia Spencer).
"La Forme de l'Eau" est un bijou d'innocence qui ne se considère pas supérieur à sa nature: un film fantastique simple et touchant. Rafraichissant.

Le Mot du Comte: 3/5
La Forme de l’Eau est un film bicéphale, bicéphale et paradoxal. Le premier aspect du film est une histoire d’amour hors du commun, entre « monstres ». La première, Elisa (Sally Hawkins), une muette, qui vit dans les recoins sombres d’un cinéma, avec pour voisin un autre inadapté, Giles (Richard Jenkins), un homosexuel vieillissant. Des « monstres » donc dans l’Amérique des années 50, celle de la guerre froide et de la paranoïa. Inadaptée au monde, rejetée et moquée, Elisa va trouver l’amour avec une créature aquatique, qui la comprend pour ce qu’elle est, et ne la jugera pas. C’est là que repose le formidable aspect transgressif de la Forme de l’Eau. L’amour, entre une humaine et un non-humain, de l’amour interracial pourrait-on dire, au sens propre du terme. Cependant, dans son autre versant, le film se fige dans un calibrage glaçant, et abandonne son côté transgressif pour sombrer dans le classicisme absolu. Tout semble en pilotage automatique, que ce soit au niveau de l’intrigue, qui se déploie sans surprise quelconque (et donc avec une impression de lenteur) que de la mise en scène, qui ne laisse aucune place à l’aspérité. Guillermo Del Toro a recrée un petit univers parfait, où les seules aspérités sont celles de ces personnages. Dans cette petite cocotte minutes chromée, colorée et fermée, ils semblent prisonniers, prisonniers d’un destin que le spectateur devine très vite. Une fois les grandes lignes du récit intégrées, il ne reste au spectateur plus qu’à se laisser porter sur ces rails, pour un joli petit train fantôme bardé de références. Les acteurs font le travail, il serait malhonnête de prétendre le contraire, mais on les a vu en meilleur forme ailleurs. Dommage que Del Toro n’accorde que trop peu de temps à Michael Shannon pour déployer les nuances de son personnage. La musique d’Alexandre Desplat, omniprésente et soulignant tout, n’aide pas à sortir le spectateur de sa légère léthargie. Le voyage n’est certes pas déplaisant, mais il peut paraître long. Il n’est en tout cas pas inoubliable. Quel dommage.

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