jeudi 7 mars 2013

SPRING BREAKERS

1h32 - Sortie le 6 mars 2013

Un film de Harmony Korine avec James Franco, Vanessa Hudgens & Selena Gomez
Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…

La Moyenne des ours : 2/5

Le Mot du Comte : 1,5/5
A choisir entre la blague ou l'arnaque, il n'y a qu'un pas que "Spring Breakers", film soi-disant sulfureux de l'obscur Harmony Korine, franchit allègrement. Au coeur de cette Amérique consumériste tiraillée par ses extrémismes et ses contradictions, Korine filme sous la forme d'une espèce de clip-conte à la morale anodine, quatre jeunes filles très antipathiques, très puériles et qui ne forment que des coquilles vides. 
Parmi elles, seule Faith (Selena Gomez) est attachante. C'est la seule à porter une ébauche de personnage, car elle vit un petit conflit. Les trois autres se contentent de glousser en bikini à écouter un pénible James Franco, dont le personnage aligne caricature sur caricature (le gangsta de Floride dont la maison est décorée de guns, de billets et de photos de Tony Montana) et répète inlassablement "do you like my shit?" ou "Spring Break forever". Passées les 40 minutes, on peine à compter le nombre de portes ouvertes que Korine a enfoncé.
Contrairement aux oripeaux qu'il arbore, "Spring Breakers" est plus réactionnaire que révolutionnaire. La pensée de Korine est ultra formatée et n'apporte rien à une éventuelle réflexion sur la société de l'illusoire et de la vitesse (on peut la résumer ainsi : ne pas être sérieux ne mène à rien). Le scénario, très pauvre, tourne vite en rond. Une fois son concept épuisé, Korine en vient à pondre une artificielle intrigue de rivalité entre rappeurs (à l'épilogue peu crédible où Hudgens et Benson descendent à elles seules un gang entier de gangsta supposés ultra violents) pour continuer à faire tourner sa machine fluo.
Si l'attention est éveillée dans la première demie-heure, celle où Korine filme avec une fascination quasi publicitaire des jeunes qui font la fête sur des musiques Dubstep à la mode, l'ennui pointe vite le bout de son nez. Korine filme des culs et des seins sans savoir pourquoi (on se croirait presque sur MTV) et sans faire ressentir la moindre émotion à son spectateur. Sous couvert de vouloir livrer un trip, un voyage sensoriel, le film ne distille qu'une insupportable poésie du vide. N'est pas Gaspar Noé qui veut. 
"Spring Breakers", de la forme sans fond, du style mais pas l'ombre d'une gueule.

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Spring Breakers est un film atypique, c'est certain. Mais ce n'est pas toujours un point positif.
Le principal problème du film pop de Harmony Korine est sa construction alambiquée fonctionnant par cycles : on avance, on recule, on dit quelque chose, on le répète, on voit des fesses, on voit des armes, puis encore des fesses, etc. Il n'y a pas vraiment d'unicité dans l'histoire de ces 4 filles allant au Spring Break avec de l'argent volé qui vont se mettre dans de beaux draps en rencontrant notamment le caïd verbeux joué par James Franco (yo !). La plupart des dialogues sont d'ailleurs éclatés dans plusieurs décors : on sait que c'est la continuité du même dialogue - dialogue qui est d'ailleurs souvent répété (jusqu'à l'absurde à la fin du film où l'on peut entendre le même dialogue 5 fois dans 2/3 décors différents, à la suite !) - mais les personnages ne sont plus dans le même décor, ou ont bougé. La confusion qui en découle est également provoquée par un montage qui n'hésite pas à brouiller la piste du temps : quand sommes-nous ? Un personnage éclate en sanglot après une confrontation qui n'a pas encore eu lieu à l'image, puis elle est consolée, puis on a le droit à la confrontation, puis encore les sanglots, etc.
Harmony Korine a le mérite de réaliser un film plastiquement beau, ou du moins très intéressant : une caméra presque toujours à l'épaule, qui bouge pas mal, parfois des ralentis, puis une utilisation de caméra en mode "found footage", etc. Les couleurs très vives et fluo rendent le tout très "pop", très moderne. Les séquences de Spring Break à proprement parler sont extrêmement jouissives au départ : Skrillex et jeunes à demi-nus en train de dépenser sur la plage ou au bord d'une piscine la moindre once de vie et d'énergie qu'ils ont, dans l'insouciance la plus totale, alcool et drogues aidant. C'est Projet X poussé à l'extrême, et malheureusement cela finit presque par écœurer. Ecœurement également du au caractère vain de ce que l'on voit...
Le mélange pop-trash de Harmony Korine finit par rapidement lasser, le spectateur étant laissé de côté sans avoir un accès direct aux drogues que ses personnages prennent. Surprise : il ne suffisait pas de nous montrer d'anciennes star Disney à poil en train de se bécoter dans un monde fluo pour faire un chef d'oeuvre... Étonnant.

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