mardi 29 janvier 2013

LINCOLN

2h29 - Sortie le 30 janvier 2013

Un film de Steven Spielberg avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee Jones et John Hawkes
Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.

La Moyenne des Ours : 2,1/5

Le Mot du Comte : 1/5
À l'instar du piteux "Cheval de Guerre", "Lincoln" est un film fade, sans fond ni point de vue, plombé par un classicisme étouffant et un scénario de bureaucrate qui n'a rien à montrer ni à dire, malgré le fait qu'il soit très bavard.
Ici, tout sent la poussière, la naphtaline et les vieilles planches (on peut même voir la poussière voler à l'écran). C'est lent (2h29!), c'est poussif, c'est artificiel. La musique de John Williams (mille fois entendue) tente de sauver les meubles en construisant une émotion, mais ne vous y trompez pas, ce biopic d'Abraham Lincoln en dégage autant que sa page Wikipédia. Spielberg semble paralysé par la figure historique qu'il filme. Trop respectueux, il n'ose rien et momifie Daniel Day-Lewis qui, même si sa composition est louable, ressemble a une statue qui ne connaît aucune évolution (et oui, la mort n'est pas une évolution). Son Lincoln (et c'est vite insupportable) parle sans cesse par analogies et en citant la Bible ou d'autres (prêtez attentions aux guillemets dans les sous-titres). Sally Field, qui joue sa femme, est tout bonnement insupportable. Le reste du casting est un melting-pot des acteurs américains du moment, qui viennent plus faire coucou qu'incarner un personnage essentiel. Livre d'images pour enfants.
L'ordre des scènes (beaucoup n'apportent d'ailleurs rien à la mince intrigue) est complètement interchangeable. Spielberg échoue à créer du suspense sur les coulisses du vote du 13ème Amendement, qui abolit l'esclavage. Didactisme pour imbéciles. Impuissant, il ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes, cédant facilement à la caricature (les vilains confédérés esclavagistes pas beaux contre le parfait président). "Lincoln" nous apprend que ce fameux décret est le fruit de compromis et de débats. Super, nous voilà refaits pour 2013. Qu'est-ce qu'on s'ennuie...
On se demande d'où proviennent les 12 nominations du film aux Oscars, une politesse peut-être? Spielberg, comme il le faisait déjà pour "Cheval de Guerre", se rêve en John Ford, sans égaler ni sa subtilité, ni sa puissance, qu'il déployait merveilleusement bien dans le film "Vers sa destinée", sur les premiers pas en politique d'un certain... Abraham Lincoln.

L'Avis de Tinette : 1,5/5
J'ai trouvé ce film "tellement Américain"... tellement prévisible. Quand on connaît la fin d'une histoire - parce qu'on a un minimum de culture générale -, l'objectif serait de rendre le scénario intéressant pour qu'on reste passionné. Spielberg a selon moi lamentablement échoué ici. 
On s'ennuie du début à la fin... ça ne fait que "blablater" sur pourquoi il faut changer la loi sur l'esclavagisme. Le film est  uniquement basé sur ce moment de la carrière de Lincoln et sans être une pro de l'Histoire Américaine je pense qu'il y avait quand même d'autres choses à raconter en 2h30... Ou alors il fallait le raconter différemment ! Là pour résumer : on voit des bureaucrates, des diplomates et politiciens en tout genre discuter pendant tout le film de leurs avis sur la guerre et sur l'amendement que veux faire passer le Président. J'ai trouvé ça hypocrite de la part du réalisateur de raconter cet épisode de l'Histoire sans jamais ne montrer de batailles, ni montrer d'autre classe sociale que celle proche du Président.
Au niveau des "personnages" (oui oui les guillemets sont nécessaires ici), ils passent tous sans qu'on puisse les apprécier ou les considérer comme crédibles. La seule qui impose un peu par sa présence est sa femme... Personnage le plus insupportable qu'il soit. 
Lincoln est un film bien plat qui ne vaut pas le coup d’être enduré. La photo dans l'ensemble est jolie (même si l'éclairage sur Tommy Lee Jones reste encore un mystère pour moi) et la musique de Williams sauve un peu le lot, mais ce film n'est pas seulement cliché dans ses répliques ou dans sa peur d'exploiter le réel... Non, même ses plans sont clichés. On veut montrer une scène émouvante ? Hop jolie musique et un plan large sur le Président applaudi. On veut montrer à quel point Lincoln était aimé ? Hop plan de dos du Président qui s’éloigne couplé de plans sur le visage ému d'un de ses serviteurs émus, émerveillés... 
Spielberg aurait-il perdu de son talent... Maintenant il fait juste partie de ces réalisateurs incapables de montrer la moindre conviction dans leurs films. Et c'est dommage car le sujet de son film en avait lui, de la conviction.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Lincoln est un biopic intéressant bien qu'un peu pompeux.
Les toutes premières minutes sont parfaitement ridicules, nous avons en effet le droit à une présentation à coup de cartons et de photographies mettant le film dans le contexte de la guerre de Sécession : les élèves américains auront enfin un DVD pédagogique de qualité à regarder, mais au cinéma c'est plutôt vain, merci quand même.
Passées ces premières minutes pédagogiques inutiles, Lincoln se révèle intéressant mais reste étrange au niveau de sa construction. Un grand nombre de scènes semblent en effet inutiles, anecdotiques : on n'apprend rien de nouveau, il n'y a pas d'enjeu dramatique particulier... Peut-être est-ce pour enfoncer le clou de la caractérisation des personnages, notamment de Lincoln, mais celle-ci s'est achevée assez tôt et ces scènes n'apportent alors plus que de l'ennui et de la confusion.
Le personnage de Lincoln est assez proche d'une figure contemporaine courante : un homme "mystérieux" parlant par à-côtés, métaphores et paraboles, s'éloignant de ses préoccupations pour mieux atteindre une révélation ou une "épiphanie" (épiphanies assez peu explicite dans Lincoln et donc plutôt anecdotiques pour le spectateur) : je pense notamment à Hugh Laurie incarnant Dr. House. Mais ici Lincoln ne parle - presque - jamais directement et toujours par à-côtés, ce qui finit par étouffer les dialogues et provoquer une bonne dose d'ennui. L'une des seules fois où Lincoln parle avec honnêteté, lorsqu'il explique avec des détails légaux certaines déclarations qu'il a faites et qui aux yeux de la loi ne sont pas complètement légales justement, on commence à vraiment comprendre le personnage et l'émotion elle aussi se déclenche doucement.
Au niveau de l'incarnation des personnages, à part Sally Field qui incarne la femme de Lincoln et qui est insupportable, la distribution est assez réussie. Daniel Day-Lewis est bluffant (il EST Lincoln) et Tommy Lee Jones plutôt touchant lorsque le scénario lui en laisse la possibilité. L'équipe des "corrupteurs" des députés enfin constitue une source d'humour plus que bienvenue dans cette fresque historique parfois un peu pompeuse, mais bien mise en scène et mise en lumière (à part quelques halos ici et là, la photographie fait honneur au travail immense au niveau des décors et des costumes).
Enfin, tout est long et lent dans Lincoln et on est donc assez souvent ennuyés, oubliant presque d'où pourrait venir l'émotion quand enfin arrive le dénouement et le vote du 13ème amendement, scène plutôt belle où l'on découvre enfin le paiement d'un certain nombre d'enjeux du film. Celui-ci aurait d'ailleurs pu s'achever ici mais Spielberg a décidé de continuer jusqu'à la "fin" d'Abraham Lincoln, qui peut sembler un peu vaine.
Le Lincoln de Spielberg est beaucoup moins fun que la version de Timur Bekmambetov dans laquelle le président chassait des vampires (avis ici), il reste néanmoins un film plutôt intéressant.

La note de Juani : 3/5

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