mardi 13 novembre 2012

RENGAINE

1h15 - Sortie le 14 Novembre 2012

Un conte de Rachid Djaïdani avec Slimane Dazi, Sabrina Hamida et Stephane Soo Mongo
Paris, aujourd'hui. Dorcy, jeune Noir chrétien, veut épouser Sabrina, une jeune Maghrébine. Cela serait si simple si Sabrina n'avait pas quarante frères et que ce mariage plein d'insouciance ne venait cristalliser un tabou encore bien ancré dans les mentalités de ces deux communautés : pas de mariage entre Noirs et Arabes. Slimane le grand frère, gardien des traditions, va s'opposer par tous les moyens à cette union...

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le mot du Comte : 3,5/5
"Rengaine" est, à l'instar de "Donoma", un film-guérilla, tourné sans argent mais avec quelque chose de beaucoup plus vital : de l'idée.
Rachid Djaïdani compose avec brio l'histoire passionnante (qui a tout du conte, comme l'affiche l'annonce) de ce couple moderne, confronté aux archaïsmes d'aujourd'hui et à ses frontières infranchissables. Ce trajet cinématographique confronte le spectateur à des réalités invisibles, que le voyageur urbain cotoie mais en ignore l'existence. Slimane Dazi est tout simplement incroyable en frère protecteur mais torturé par ses propres sentiments. De par son sujet, le film aurait pu s'avérer pesant, mais "Rengaine" est en fait très drôle, notamment grâce à la galerie incroyable de personnages qui se développe au fur et à mesure que le récit avance.
Un film qui a du fond donc, mais qui pêche un peu sur la forme.
Dommage que le filmage soit si fouillis et si chaotique (il y a beaucoup de gros plans et les mouvements de caméra ne sont pas toujours très soignés). La pauvreté des moyens techniques saute parfois aux yeux, même si la plupart du temps la force de la narration parvient à nous la faire oublier.
Son scénario solide et son point de vue affirmé (un vrai regard sur la tolérance et l'accomplissement de soi) font de "Rengaine" un des films les plus rafraîchissants de cette fin d'année. Une chose est sûre: on n'a jamais vu ça.

Le point de vue de Pépite : 3/5
Rengaine est un film plein d'énergie, qui se vit comme une expérience très sensorielle et libre. Quand on voit ça, on est en rage de constater que Rachid Djaïdani a tant de choses à dire et si peu d'aide pour les exprimer (alors qu'à côté Les Seigneurs n'a rien à dire, mais plein de moyens pour le faire...). Le film de Djaïdani est un beau brouillon, construit dans un tourbillon de plans chaotiques montés sauvagement. Ça peut piquer les yeux, frustrer quand on connaît un peu les "règles" de montage (qui sont là pour être déjouées également de toute façon) mais il en sort quelque chose d'assez brillant.
Ce qui est le mieux réussi, c'est l'humour qui se dégage de ces scènes sauvages grâce à des comédiens entre l'impro et le texte qui expriment toute l'absurdité de l'histoire, pourtant réaliste. J'imagine qui si on va voir un film comme Rengaine, c'est qu'on est d'accord avec le message : peu importe la religion, la couleur de peau tant qu'il y a l'amour. Mais Rengaine est là pour nous rappeler que ça ne va pas forcément de soi partout aujourd'hui en France (et dans le monde). Certains personnages le prennent violemment, d'autres sur le ton de l'humour (plusieurs scènes sont merveilleusement drôles), et personne n'est indifférent.
C'est juste dommage que ça ait l'air d'être filmé "avec les pieds". Mais cela va de paire avec l'esthétique "Donoma" ou même "Dogma"... Film réalisé sans argent, mais avec de l'envie et des vrais idées de contenu. Maintenant, il va falloir soigner la forme peut-être.
Rengaine est, comme le dit son réalisateur, "comme un boxeur : un boxeur unijambiste et borgne, oui, mais qui a un bon uppercut."

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