mercredi 14 novembre 2012

LE CAPITAL

1h53 - Sortie le 14 novembre 2012

Un film de Costa Gavras avec Gad Elmaleh, Daniel Mesguich, Céline Sallette, Bernard Lecoq, etc.
La résistible ascension d'un valet de banque dans le monde féroce du Capital.

La Moyenne des Ours : 3/5

Le mot du Comte : 3,5/5
Partant cette fois en croisade contre le sauvage capitalisme banquier, Costa-Gavras livre avec "Le Capital" un film solide, efficace, extrêmement bien narré, mais qui a tendance à enfoncer des portes déjà bien ouvertes.
Si le scénario, très bien écrit et très bien structuré (la montée en puissance, le danger, la chute, la relève), la bonne volonté de Gavras amène parfois le film dans le faux et le surfait. La scène finale est par exemple, complètement improbable (le monologue du président de la banque, dont une partie est reprise sur l'affiche). Même s'il s'encombre de figures connues et relativement encombrante (l'intrigue impliquant le mannequin Nassim est mille fois vue et n'apporte pas grand chose à l'ensemble). Mais Gavras se révèle bon financier et résolut chaque intrigue avec brio.
Le casting est extrêmement bien fourni: Daniel Mesguich (le président déchu) est efficace (même si ses mimiques sonnent parfois exagérées -c'est avant tout un homme de théâtre), Céline Sallette est touchante et Gabriel Byrne, en rapace cupide, est détestable. Bernard Lecoq (autre homme de théâtre) semble encore enfermé dans son rôle de Jacques Chirac ("La Conquête").
Le choix de Gad Elmaleh dans son premier rôle vraiment sérieux (si on passe outre la blague qu'était "La Rafle") est à la fois une bonne et une mauvaise surprise. Il apporte sérieux et crédibilité à son personnage en favorisant un jeu discret, proche du non-jeu, mais ce non-jeu l'amène parfois à l'inexpressivité la plus complète. "Le Capital" relève d'une vraie maîtrise du matériau filmique et des enjeux du scénario. Costa-Gavras signe un film à charge (on n'attendait pas mieux de sa part) mais qui manque un peu de la subtilité d'un Oliver Stone ("Wall Street") et souffre d'un peu trop de didactisme. Certaines scènes ont un peu trop tendance à ressembler à un cours d'économie. En dépit de ses petits défauts, "Le Capital" se révèle être un moment de cinéma d'une efficacité redoutable.

Le point de vue de Pépite : 2,5/5
Le Capital est un film inégal et moralisateur. Quand ça fonctionne, ça fonctionne vraiment. Mais le reste du temps on voit les ficelles grossières cousues par Costa Gavras soucieux de nous pointer du doigt les méchants de l'histoire. Et les méchants de l'histoire sont tous les personnages, sauf 2 (peut-être).
Gad Elmaleh convainc vraiment dans ce rôle de banquier aux dents longues, surtout lorsque le scénario lui donne quelque chose à "becqueter". Le récit de son ascension au début du film est vraiment réussi et entraînant, et l'élaboration d'un plan financier diabolique vers la fin sont deux moments vraiment jouissifs et admirablement racontés et mis en scène.
Costa Gavras utilise un parti pris intéressant mais qui parfois arrive comme un cheveu sur la soupe : un son anxiogène nous alerte qu'on passe dans un fantasme dans lequel Gad Elmaleh "pète un câble" et frappe quelqu'un, ou vire quelqu'un, ou pousse une gueulante... Et puis on revient dans la réalité. L'idée est bonne, et souvent le rendu est également entraînant, amusant et "jouissif". Mais narrativement parlant ça ne semble pas servir le film à 100%. L'intrigue parallèle de l'obsession du banquier pour une Top Model est carrément lourdingue car vraiment trop appuyée. Gad Elmaleh se retourne 10 fois sur elle et se déconcentre complètement lorsqu'il parle à des gens (pourtant) importants parce qu'il la voit... C'est du déjà-vu, et ça n'apporte pas grand chose à l'histoire...
La galerie de personnages avides et machiavéliques (Bernard Lecoq et Gabriel Byrne en tête) est vraiment réussie par contre. Et "le" personnage bon du film (si on met de côté la femme de Gad Elmaleh) interprétée par Céline Sallette est également très intéressant. Mais Costa Gavras tue ce personnage en même temps qu'il tue celui de Gad Elmaleh vers la fin du film lorsqu'il invoque un discours "anti-rêveur" et "pro-Capital". Au final, on comprend de quel côté il est, et on comprend le pessimisme qu'il exprime en bouclant la boucle dans un sentiment d'insatisfaction (de ma part, en tout cas).

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