mercredi 10 octobre 2012

DANS LA MAISON

1h45 - Sortie le 10 août 2012

Un film de François Ozon avec Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott-Thomas et Emmanuelle Seignier
Un garçon de 16 ans s'immisce dans la maison d'un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français. Ce dernier, face à cet élève doué et différent, reprend goût à l'enseignement, mais cette intrusion va déclencher une série d'événements incontrôlables.

La Moyenne des Ours : 4/5

Le point de vue de Pépite : 4/5
Quel film intriguant, mais quel bon film ! François Ozon nous fait rentrer dans un univers toujours sur le fil du rasoir : entre l'humour (noir notamment) et l'angoisse. La dramaturgie est également très particulière. On suit les aventures de Claude (l'étonnant Ernst Umhauer) qui s'arrange pour se faire inviter dans la famille des "Rapha", le tout narré par la voix même de Claude. Cela pourrait être bavard mais ce n'est pas le cas. Comme dans le cas d'un roman, on est suspendu à cette narration, aux informations que l'on a au fur et à mesure, au compte goutte. C'est drôle, c'est angoissant et c'est même gênant parfois. 
J'ai été très agréablement surpris par ce film, et c'est donc plutôt difficile d'en parler. Ce film nous intéresse à des préoccupations d'auteur (les dialogues sur l'art dramaturgique entre Luchini et Umhauer sont savoureuses), mais aussi à la question très large du voyeurisme : question qui devrait intéresser chaque spectateur de cinéma. En effet, que sommes-nous d'autre que des voyeurs voulant rentrer dans la maison de personnages qui nous intriguent. Ce "voyeurisme" cinématographique (que les universitaires appellent "pulsion scopique" - quelle merveilleuse expression...) trouve ici une magnifique métaphore, dans une histoire amusante et très intéressante. Je vous le recommande !

Le mot du Comte : 4/5
Le treizième film de François Ozon est une réussite. Au contraire du cartoonesque "Potiche" qui manquait d'émotion, "Dans la Maison" mets le paquet. Voilà un film tendu, rigoureusement bien écrit  (les dialogues sont savoureux) et qui ne ménage pas son spectateur. Mais c'est aussi un film drôle, car Ozon porte un regard acide sur le monde de l'art contemporain et l'enseignement, à travers le personnage bobo de Kristin Scott-Thomas ou celui un peu loufoque de Jean-François Balmer (le proviseur). Le scénario frôle toujours la limite de l'invraisemblable sans jamais vraiment la franchir. La fin du film laisse cependant un peu sur sa faim et ne tient pas tout à fait la promesse du début. On aurait aimé plus.
Le casting réuni autour de cette intrigue est de qualité : le jeune Ernst Umhauer est formidable et dégage un mélange de chétivité et de sournoiserie. Luchini est très crédible en professeur aigri. Yolande Moreau fait une double apparition assez savoureuse. La musique est elle aussi très réussie.
Ozon parvient à nous troubler en mélangeant le réel de la fiction avec la fiction du fictionnel: ce que nous voyons est-il imaginaire? est-ce vraiment arrivé? Le tout avec un second degré parfois bienvenu (qui peut verser dans le parodique d'un film des années 70, notamment au niveau musical). Car Ozon ne semble pas vraiment prendre son histoire au premier degré (il y a toujours une légèreté inhérente face au suspense parfois insoutenable) et cela offre un mélange inédit et savoureux. "Dans la Maison" ne ressemble a aucun autre film du genre (quel genre, d'ailleurs?), tant il est diverse, riche et bien maîtrisé.

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